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Séminaristes, ils portent l’espoir de l’Église de Corse

Thomas, Paul-Antoine, Petru Saveriu, Joseph, Maxime, bientôt Quentin, au séminaire d’Aix ou à Rome, ces jeunes corses sont engagés sur le chemin du service de Dieu. Le diocèse a besoin de vocations, de prêtres et de dons pour les accompagner.

Par : Roger ANTECH

Tous évoquent la joie intense qui les envahit, et un sentiment de liberté qui, depuis les commencements, paraît guider leur choix. Le séminaire, ce chemin de sept ans qu’ils ont emprunté pour le service de Dieu, pourrait être vécu comme une matrice pesante, oppressante même. Il ne l’est pas pour les séminaristes du diocèse de Corse, Thomas Castelli-Taourel, Paul-Antoine Ettori, Maxime Bolus et Petru Saveriu Luciani, et celui qui, à la rentrée prochaine, intégrera l’année propédeutique à Aix-en-Provence, Quentin Douhéret.

La formation des futurs prêtres est longue, du discernement vocationnel qu’il faut questionner, à la charpente spirituelle, intellectuelle, humaine, apostolique et pastorale enfin, qu’il s’agit d’assembler. Elle ne dépend d’aucune aide publique. Elle est seulement soutenue par l’Église, celle de Corse assumant la charge de ses cinq séminaristes – sept à la rentrée 2024 -, une trentaine de milliers d’euros par an pour chacun d’entre eux. Il est question, ici, des dons des fidèles, effectués pendant le mois des vocations, et même au-delà, l’appel étant lancé.

Et de don encore pour ces jeunes engagés sur la voie du sacerdoce. « Oui, c’est un don de soi », confie ainsi Paul-Antoine, 26 ans, originaire d’Olmeto, celui « de consacrer ma vie au Bon Dieu, et à l’Église ». Petru Saveriu, 25 ans, enfant de Petraserena, rappelle les paroles de Jésus : « Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne », pour mieux souligner qu’il se sent « porté par quelque chose » de puissant et que, finalement, « la Foi est un don ». « On se sent appelé par Dieu », souligne Thomas, 23 ans, qui a grandi à Porto-Vecchio, et on « doit y répondre librement ».

Cette liberté du choix, de l’engagement, elle est au cœur de leur vie au séminaire Saint-Luc d’Aix, explorée durant l’année propédeutique, et trame, encore, des deux cycles d’enseignement qui suivent, jusqu’à l’ordination diaconale, puis presbytérale. « Une liberté totale de continuer ou d’arrêter. On peut discuter de tout avec notre accompagnateur spirituel », explique Paul-Antoine. « Ce fort interne », dont parle Thomas, peut être parfois celui « des grands doutes », car, ajoute le séminariste en première année de 1er cycle, « Il me semble que le Bon Dieu m’appelle à être prêtre. Mais je ne peux pas anticiper ce qui va se passer. Même si mon désir est plus grand depuis que j’ai entamé ma formation ». « Garder sa liberté, poursuit Petru Saveriu, car sinon on s’installe dans la routine et on oublie pourquoi on est là. »

Renouveau et jeunesse

Eux ne l’ont pas oublié. Ils ont grandi dans des familles chrétiennes, attachées aux traditions qui font la force et l’identité de l’Église de Corse. Petru Saveriu évoque ainsi le culte marial dans l’île, ce moment où près de son sanctuaire à Pancheraccia, dans les jours qui précèdent la Fête de la Nativité du 8 septembre, il se murmure parmi les habitants que « la Vierge approche ».

Ils ont eu une vie avant le séminaire, des études poussées, hypokhâgne et droit pour Thomas, un CAPES de langue Corse et un an d’enseignement pour Petru Saveriu – « Je reste dans l’enseignement, je change d’institution… » -, une formation de cuisinier et des saisons dans un restaurant d’Olmeto, pour Paul-Antoine. En cela, ils ressemblent à l’immense majorité (97%) des 700 séminaristes, répartis entre les 24 séminaires du pays, et celui français de Rome. Leur vocation leur vient du plus jeune âge, du partage de la foi en famille, du service dans la paroisse, de la rencontre et des échanges avec des curés qui ont guidé leurs pas. L’abbé Frédéric Constant, vicaire général et responsable diocésain, est de ceux-là, qui, en trois verbes, résume la vocation et l’état de vie consacrée qui découle de ce parcours : « Servir, aimer et se donner ». Pour y parvenir, Petru Saveriu parle d’une « aventure spirituelle, d’un pèlerinage intérieur. Si on a les ressources, on tient le coup. Si on n’est pas enraciné, comme les plantes, on dessèche ». Paul-Antoine évoque, lui, un « chemin long et périlleux », « mais, pour moi qui n’ai jamais été très studieux, je ressens l’envie si forte d’étudier ». « Le temps de la formation est un cadeau », insiste Thomas. Quentin Douhéret, qui a grandi en région parisienne, mais a ses racines à Lenta, s’apprête à emprunter ce chemin à la rentrée, après avoir suivi les classes préparatoires, hypokhâgne et khâgne, et des études d’histoire à la Sorbonne : « J’ai toujours été très attaché à la beauté de la liturgie, au soin à apporter aux sacrements, qui sont le signe de la présence de Dieu, le moyen d’annoncer l’Évangile aux autres, d’aller porter la parole. Les sacrements, c’est servir les autres. Et si l’Appel que j’ai entendu vient de Dieu, l’année propédeutique va me permettre de savoir ce que Dieu veut de moi ». « J’y vais en confiance, car je sais que l’Église propose quelque chose de fort », conclut le futur séminariste. Thomas, qui l’a précédé sur ce chemin, n’a pas oublié ce passage en propédeutique, « une année formidable, un temps de retrait, pour approfondir notre vie de prière, les fondations spirituelles. C’est par la prière qu’on apprend à connaître notre vocation, quel chemin prendre. »

Le leur, pourvu qu’ils l’accomplissent, les mènera au service de l’Église de Corse. Paul-Antoine sait que ce chemin dépend de « la volonté du Seigneur et de celle de l’évêque », mais il ne l’imagine pas ailleurs que sur son île qui « a besoin de prêtres, au service d’un peuple très ancré dans la foi, à travers des traditions cultuelles et culturelles si fortes ». Thomas n’espère pas autre chose : « Ma foi, elle est liée à ma culture corse. On est une religion de l’incarnation. La Vierge Marie reine de Corse, ce ne sont pas des mots en l’air. Elle est souveraine, elle nous protège. Je me vois difficilement servir ailleurs. Donner ma vie à l’Église et à la Corse, c’est rendre ce que j’ai reçu ». Petru Saveriu, enfin, attaché à sa terre et à sa langue, voit dans le chemin qu’il a emprunté les signes d’un renouveau et d’une jeunesse corse engagée pour son Église, quelque chose de « civilisationnel » : « soit on se réveille, soit on disparaît ».

La Foi, seule, peut offrir cette transcendance.

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